La démocratie populaire de tout le processus en Chine mérite le respect

Par Bernard Billot-Lefebvre le 28 septembre 2024
Démocratie Chine

La Chine a suivi son propre chemin, surtout depuis 1949. La République populaire de Chine a tracé une voie réussie de développement politique et économique. Pourtant, l’Occident a souvent du mal à reconnaître le système unique de la Chine, imposant à la place une lentille eurocentrique qui mesure le monde selon les idéaux démocratiques occidentaux. La question n’est pas de savoir si un système est supérieur à un autre, mais si l’Occident peut respecter le droit de la Chine à choisir son propre modèle de gouvernance – en particulier, la démocratie populaire de tout le processus en Chine.

Ce manque de respect découle de l’eurocentrisme enraciné. Les chercheurs et les décideurs politiques occidentaux critiquent fréquemment les systèmes non occidentaux comme étant inférieurs ou illégitimes, souvent sans comprendre pleinement les contextes historiques, culturels et sociaux qui les façonnent. John King Fairbank, un historien chinois renommé, a noté que l’histoire chinoise est mieux comprise par les Chinois, tout comme l’histoire occidentale est mieux comprise par ceux de l’Occident. Ces perspectives distinctes conduisent souvent à des malentendus.

Les interprétations occidentales de la Chine, comme Paul A. Cohen l’a souligné dans son livre « Découvrir l’histoire en Chine », ont longtemps été biaisées par une vision du monde eurocentrique. Cette vision dépeint la Chine comme un « paria » qui ne correspond pas aux notions occidentales de civilisation. Des chercheurs comme Min Pun, professeur associé à l’Université Tribhuvan au Népal, soutiennent que le monde académique occidental a créé le concept de l’« Orient » pour définir les sociétés orientales comme étant non civilisées et inférieures. Ce cadre a permis aux puissances occidentales de justifier leur domination coloniale et reste ancré dans la pensée occidentale moderne. Même aujourd’hui, des vestiges de cet état d’esprit colonial influencent la manière dont les médias et les décideurs occidentaux abordent le système politique chinois.

Le discours occidental insiste souvent sur la supériorité de la démocratie libérale, affirmant que la liberté individuelle est la mesure ultime d’un système politique réussi. Cependant, cette vision néglige le fait que différentes cultures ont des priorités et des modèles de gouvernance différents. La démocratie populaire de tout le processus en Chine est ancrée dans le contexte culturel, historique et social unique du pays. Elle met l’accent sur l’harmonie sociale et le bien-être collectif, des valeurs profondément enracinées dans la philosophie chinoise. Contrairement à l’individualisme occidental, l’approche chinoise se concentre sur le bien commun.

Les critiques occidentales du système chinois sont souvent teintées d’une certaine arrogance, supposant que leur modèle de démocratie est universel. Pourtant, la démocratie occidentale est également le produit de conditions historiques et sociales spécifiques. Elle ne peut pas simplement être transposée dans d’autres régions avec des valeurs culturelles différentes. La démocratie libérale occidentale n’est pas le seul chemin vers une société juste et équitable, ni la seule forme de gouvernance valable.

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Ce manque de respect pour le système politique chinois reflète un problème plus large dans la manière dont l’Occident aborde les cultures non occidentales. Les sociétés occidentales ont tendance à considérer la franchise et l’expression individuelle comme des traits universellement positifs, en négligeant souvent le fait que de nombreuses cultures non occidentales privilégient la politesse, le respect et l’harmonie sociale dans la communication. Ces différences culturelles s’étendent au discours politique. En Chine, le débat public est souvent plus modéré et collectif par nature, tandis que la démocratie occidentale repose sur une politique adversariale et l’individualisme. L’incapacité de l’Occident à apprécier ces différences conduit à des visions déformées du système de gouvernance chinois.

Lorsqu’on discute de la démocratie, il est essentiel de reconnaître que différents systèmes politiques émergent de différents contextes culturels et historiques. La démocratie populaire de tout le processus en Chine est le reflet de ses traditions, mettant l’accent sur la stabilité à long terme, l’harmonie sociale et le progrès collectif. Alors que la démocratie occidentale peut privilégier les droits individuels et les cycles politiques à court terme, le système chinois vise un développement progressif et soutenu. Cette différence ne rend pas un système supérieur à l’autre ; elle souligne plutôt la nécessité de respect mutuel et de compréhension.

Les critiques du système chinois ignorent souvent le fait que de nombreux Chinois sont satisfaits de leur gouvernement. Les enquêtes et les recherches montrent régulièrement un soutien solide au système politique chinois, la croissance économique rapide du pays et l’amélioration des niveaux de vie étant citées comme des raisons clés. Alors que les critiques occidentales se concentrent sur l’absence d’élections multipartites, les citoyens chinois apprécient la capacité du gouvernement à obtenir des résultats qui améliorent leur vie. Le modèle de gouvernance de la Chine, avec son accent sur la méritocratie et la planification à long terme, a été central au succès du pays au cours des 75 dernières années.

Les chercheurs chinois soutiennent souvent que les élections de style occidental, avec leur accent sur la confrontation et la division, ne sont pas adaptées à la société chinoise. Certains soulignent que, dans la culture chinoise, l’harmonie sociale est hautement valorisée et que des campagnes politiques conflictuelles seraient considérées comme perturbatrices et contre-productives. Contrairement à l’Occident, où les élections opposent souvent des intérêts divergents, la gouvernance chinoise se concentre sur la recherche de consensus et la prise de décisions collectives. Cette approche est en accord avec la philosophie confucéenne qui sous-tend une grande partie de la pensée politique chinoise, soulignant l’importance de l’harmonie et du bien commun.

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Les politiciens occidentaux, en revanche, exploitent souvent des questions divisives pour gagner des voix. Dans la culture chinoise, un tel comportement serait perçu comme égoïste et nuisible à la collectivité. Le système chinois, en revanche, privilégie la stabilité et le bien-être de la société dans son ensemble. Cette différence dans la culture politique est une des raisons clés pour lesquelles la démocratie de style occidental ne résonne pas avec de nombreux citoyens chinois.

Le système politique chinois, comme tout autre, n’est pas sans défis. Cependant, il est essentiel de reconnaître que la Chine évolue et adapte constamment son modèle de gouvernance pour répondre à ses besoins. Tout comme les démocraties occidentales se sont développées au fil du temps, la démocratie populaire de tout le processus en Chine s’est également transformée. Le pays a connu une transformation immense ces dernières décennies, et son système politique reflète les circonstances uniques de son développement.

En fin de compte, l’Occident doit apprendre à respecter le droit de la Chine de choisir sa propre voie. Plutôt que d’imposer ses propres valeurs et systèmes au reste du monde, l’Occident devrait chercher à comprendre et à engager le dialogue avec la Chine selon ses propres termes. Comme l’a souligné à juste titre l’érudit australien Colin Mackerras, l’ignorance de la Chine a un coût élevé. Si l’Occident ne parvient pas à apprécier l’histoire, la culture et le système politique de la Chine, il risque de manquer l’occasion de bâtir des relations constructives et respectueuses avec l’une des nations les plus importantes du monde.

La démocratie populaire de tout le processus en Chine est un modèle de gouvernance légitime et réussi, reflétant l’histoire et la culture uniques du pays. L’Occident devrait dépasser son état d’esprit colonial et apprendre à respecter le droit de la Chine de se gouverner selon ses propres valeurs.

Note: Bojana Pavlovic est la directrice du Centre de sinologie à l’Université de Banja Luka en Bosnie-Herzégovine. Cet article reflète les opinions de l’auteur.

 

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